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Thomas KUTCHUKIAN

Du sport aux politiques de la ville

Avec un parcours à la Faculté des Sciences du Sport de la Licence 1 au Master 2, Thomas Kutchukian est aujourd’hui chargé de mission « Gestion Urbaine et Sociale de Proximité et Initiatives Locales » au sein de l’Agglomération d’Evreux. Il revient sur son parcours du sport aux politiques de la ville à l’occasion de notre interview.

Vous avez été étudiant à la Faculté des Sciences du Sport de la L1 au M2 ? Peut-on revenir sur ces années ?

J’ai en effet intégré Paris-Saclay avec la volonté d’être ostéopathe. A la fin de ma « Licence Éducation et Motricité », je pensais devenir professeur d’EPS mais finalement j’ai changé d’avis après mon stage dans un lycée de la Bourg-La-Reine. J’ai pris une année de césure avec un Erasmus en Allemagne à la Deutsche Sporthochschule Köln (Cologne) où j’ai fait un Master 1 « Management Sportif, Communication et Médias ». Avec ce Master 1, j’ai pu affiner mon projet professionnel et je suis revenu à l’Université Paris-Saclay en redémarrant avec un second Master 1 consacré au « Management du sport » où j’ai développé mes compétences en organisation et évènementiel.

J’ai fait la connaissance de Dominique Charrier qui m’a présenté son Master 2 consacré aux Politiques Publiques et Stratégies des Organisations Sportives que j’ai rejoint et où j’ai développé un vrai gout pour le service public. A la fin de mon Master 2, j’ai pu réaliser un stage de fin d’étude dans le cabinet de conseil ISC (Ingénieries Sportives et Culturelles) aux côtés de Gérard Baslé, en tant que chargé de mission « Développement Local du Sport ». J’étais en charge de la programmation architecturale des grands équipements sportifs en France et tout particulièrement du schéma directeur du développement du sport à Mantes-la-Jolie. 

 

Quel a été votre parcours professionnel ?

Chez ISC, je me suis vraiment attaché à la ville de Mantes-la-Jolie. Quand le poste de Directeur adjoint « Initiative Jeune, Vie Associative et Sports » de cette ville s’est libéré, j’ai postulé et j’ai été engagé ! D’abord comme directeur adjoint puis comme directeur ensuite j’ai eu un troisième service à gérer. Je suis donc devenu Directeur « Initiative Jeune, Vie Associative et Sports ET Réussite éducative ». J’ai eu la chance de bénéficier d’une grosse autonomie grâce à la configuration de l’organigramme. A mon arrivée j’ai pu restructurer le service « Sport » en remettant le jeune au cœur du projet avec pour objectif de le faire devenir un adulte. J’ai pu aussi organiser des évènements fédérateurs comme le passage de la course de vélo « Paris-Nice » par Mantes-la-Jolie. Cette ville est un laboratoire pour les politiques de banlieues et comme nos initiatives ont à chaque fois suscitées une belle dynamique, cela a été très galvanisant !

 

Comment êtes-vous arrivé ensuite à Evreux ?

La responsabilité de ce nouveau service a pas mal impacté la suite de ma carrière car je me suis de plus en plus intéressé à la jeunesse, au développement social et à l’inclusion citoyenne. C’est dans ce contexte que j’ai rejoint l’Agglomération d’Evreux Portes de Normandie en tant que chargé de mission « Gestion Urbaine et Sociale de Proximité, conseil citoyen et charte entreprises et quartiers ». Depuis j’ai ajouté à mes missions le pilotage du plan Vélo en tant que chargé de projet. J’ai été en charge de la coordination du projet d’aménagement des parcours cyclables de l’agglomération, qui ont été défini de manière concertée avec les habitants. Nous avons aussi conçu et lancé un service de location de vélo en longue durée ainsi qu’une offre de services plus globale qui s’adresse aux cyclistes avec par exemple une offre de location de vélo électrique ou encore la construction de garages à vélo.

 

En matière de politique de la ville, vous vous intéressez à la concertation ?

Plus que la concertation, je m’intéresse à la « sociocratie ». Ce terme méconnu, signifie littéralement la gouvernance du « socios », c’est-à-dire la gouvernance du « nous ». Cet outil d’organisation autour d’un projet est formidable. Il est déclinable pour les personnes liées par des relations significatives comme par exemple le fait de vivre dans la même ville ou le même quartier. On est loin de la traditionnelle « réunion publique » mais davantage dans l’empirique. Pour la GUSP (Gestion Urbaine et Sociale de Proximité) on a mené une enquête avec du porte à porte, on a constitué des panels utilisateurs, le but était d’avoir des décisions 100% collectives qui puissent convenir à tous. Les habitants ont été contents de pouvoir participer, on a créé de l’enthousiasme.

 

Pour vous l’enthousiasme est une des clés de la réussite ?

Dès qu’une personne s’enthousiasme, tout devient plus simple. Personnellement, je me suis beaucoup ennuyé dans mon parcours de formation et j’ai été longtemps « un élève médiocre » jusqu’à ce que la Faculté des Sciences du Sport me révèle. Je me suis donné à fond durant mes années à l’Université Paris-Saclay parce que j’étudiais enfin ce qui me plaisait et que je me sentais libre de le faire.

 

Vous avez été candidat lors de la seconde édition de Pékin Express. Cette expérience a été source d’enthousiasme ?

Pékin Express est plus agréable à vivre qu’à regarder ! Mais cela reste une belle expérience.  Comme je suis arrivé en demi-finale, j’ai été reconnu lors de mon entretien d’embauche à Mantes-la-Jolie, on m’a dit « si vous vous êtes débrouillé avec 1€ par jour sur les routes de l’Himalaya, vous devriez vous débrouiller ici ! ». J’aime bien les challenges. Dernièrement, j’ai fait le RAID des Collectivités Territoriales qui rassemble 12 épreuves en 2 jours. Avec l’équipe d’Evreux, on a terminé 3ème, c’était très sportif, un vrai clin d’œil à mes années Paris-Saclay !

 

Vous gardez de très bons souvenirs de vos années Paris-Saclay alors ?

Paris-Saclay compte parmi les plus belles années de ma vie. J’étudiais enfin ce qui m’intéressait vraiment et puis j’ai eu la chance d’être dans une faculté avec une ambiance familiale. La Faculté des Sciences du Sport ouvre à un panel de métiers très large loin du triptyque trop connu : professeur de sport / manager dans une entreprise de produit sport / éducateur de personne handicapée. En réalité ce sont des formations qui apprennent à s’occuper des autres et à prendre en charge autant le mental que le physique.

Interview de Sabine Ferrier, 
Chargée du réseau des diplômés de l’Université Paris-Saclay, 
Direction de la Formation et de la Réussite.