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Michaël MAMODHOUSSEN

L'aventure VIACTI, plaidoyer pour le droit au mouvement

Michaël MAMODHOUSSEN est diplômé d’un double Masters de la Faculté des Sciences du sport. Durant ses études, il a l’idée de fonder l’association VIACTI pour rendre toujours un peu plus accessibles, les activités physiques adaptées (APA). 8 ans plus tard, l’association est une réussite. Michaël a surtout réussi à transformer sa conviction profonde du « droit à faire du sport pour tous » en métier.

Racontez-nous votre parcours d’étude ?

J’ai toujours eu un attrait pour le sport, et de par ma famille, j’ai toujours été en contact avec des personnes en situation de handicap. J’ai donc grandi sans même imaginer que potentiellement des personnes handicapées pouvaient se retrouver exclues de la pratique sportive. Je me suis rapidement dit que je voulais travailler dans l’activité physique adapté (APA).

J’ai démarré mon cursus avec une Licence STAPS à Paris-Descartes, ensuite j’ai poursuivi par un Master 1 à l’Université Paris-Nanterre en « Conception Elaboration de Projet en Activité Physique Adaptée » (CEP APA). A l’époque, je connaissais plusieurs personnes qui avaient opté pour un cursus à l’Université Paris-Saclay et en discutant avec elles, je me suis rendu compte que la formation que je cherchais vraiment était à la Faculté des Sciences du Sport.

J’ai rejoint la Faculté des Sciences du Sport de l’Université Paris-Saclay dans le cadre d’un double Master. J’ai donc suivi à la fois, un Master Professionnel « Vieillissement Handicap et Mouvement Adaptation » (VHMA) et un Master Recherche en « Contrôle Moteur Pratique Physique et Perspective Psychologique » (CM4P). J’en garde un très bon souvenir, c’est une université attachée à ses valeurs humaines, tournée vers l’excellence avec des contenus toujours innovants.

 

Un double Master, c’est facile à gérer ?

J’étais passionné par ce que je faisais donc je n’ai pas réellement senti la charge de travail. Par contre mon entourage vous dira que l’on ne m’a quasiment pas vu pendant 2 ans tellement que j’étais absorbé par ce que je faisais. Je reconnais avoir peu passé de temps en famille (rires) !

J’ai eu la chance de bénéficier d’un très bon accompagnement de la part de mes professeurs notamment Madame Alexandra PERROT BEAUDOIN et Monsieur Vincent DRU. J’ai consacré mon mémoire de recherche à l’impact des émotions sur la motricité automatique en partant des travaux de John BARGH et je me suis focalisé sur la vitesse de marche en fonction des émotions.

En parallèle, j’ai réalisé dans le cadre de mon Master professionnel un stage à la RATP au sein du service « Perspectives & Innovation ». La RATP ayant constaté une baisse de fréquentation de ses services par les seniors, j’ai mené une étude pour comprendre et proposer des solutions qui rejoignent les enjeux de l’activité physique adaptée. De 65 à 80 ans, on est sur un public qui appréhende les transports en commun. Par exemple, un bus peut freiner brusquement et entrainer une chute. Il faut à la fois sensibiliser les chauffeurs aux problématiques des seniors et aller vers les seniors en désamorçant les émotions notamment celle liée à la peur.

 

L’association VIACTI est un projet né durant vos études ?

Oui exactement ! Je me suis toujours débrouillé pour multiplier les expériences professionnelles. J’ai été engagé par la Mairie de Paris pour être éducateur sportif afin d’entrainer des enfants. J’ai passé le BAFA pour travailler en colonies de vacances durant mes étés. J’ai fait un stage en Licence à la Maison d’arrêt des Hauts de Seine afin d’y proposer du sport. J’ai aussi travaillé sur la pratique sportive d’enfants autistes avec l’association « Autisme 75 » ou encore de personnes âgées avec la Mairie de Bondy et le « Club du 3ème âge heureux ».

Au fil des années, j’ai constitué un réseau issu de mes expériences professionnelles ou de mes rencontres : à la Mairie de Paris ou celle de Bondy, quand j’ai passé le BAFA, lors des colonies, durant mes années Paris-Saclay, à la RATP...

Lors de ma Licence 3 APA, j’ai fait la connaissance de Stéphane Lusgarten qui est devenu un ami. Nous avons eu l’idée de créer VIACTI sans nous douter que cela deviendrait une aventure sympa et constructive (rires) !

 

On veut en savoir plus sur VIACTI ?

VIACTI est une association loi 1901, dont l’objectif est de permettre à chacun de faire du sport. Nous travaillons notamment avec des personnes en situation de handicap (moteur, cérébral et même parfois social) ainsi que des seniors. Au-delà de l’activité physique adapté, il y a une démarche citoyenne. Nos publics sont divers, on peut travailler avec une personne handicapée qui souhaite apprendre à nager pour faire du canoë en toute sécurité, des femmes sans domicile fixe qui vont se réapproprier leurs corps avec de la gym douce, des seniors endeuillés pour qui la séance de sport permet de sortir de la solitude.

Nous travaillons avec des acteurs très différents et nous aimons créer du lien : écoles, entreprises, services santé. Chaque année, sur plusieurs cessions, nous rassemblons nos partenaires, nos bénéficiaires et nos équipes au cours de moments appelés « journée sportive ». La dernière était au Bois de Vincennes avec de la marche nordique, des sports collectifs, un pic-nic. C’était une belle ambiance.

Nous fonctionnons principalement grâce au bouche à oreille, on n’a quasiment jamais fait de démarchage ! Nous avons eu une belle visibilité grâce au concours « La France s’engage » où nous avons terminé deux fois finalistes. Le fait d’avoir gagné le prix de la Fabrique AVIVA, nous a grandement aidé. Egalement, le fait d’être passé par plusieurs pépinières associatives Parisiennes (La Conserv’ : dans le 12ème , les Grands Voisins : dans le 14ème puis la Tisserie : dans le 11ème ) a été un booster pour VIACTI.

Nous avons défini 5 mots d’ordre et nous avons vu juste car ils interpellent et fédèrent nos publics. « Inspirer » pour donner envie de se mettre au sport : par des sorties à des matchs, des événements sportifs ou des petits déjeuners sport-santé ; « Pratiquer » une activité physique adaptée à ses propres besoins, envies, motivations et capacités ; « Partager » des moments en mouvements avec d’autres personnes via des ateliers communs et journées sportives spécifiques et stimulantes ; « Rencontrer » le monde sportif pour favoriser l’autonomie dans la pratique individuelle, collective et en clubs ; « Libérer » le potentiel professionnel de chacun grâce au sport pour accompagner certaines insertions / (ré)insertions dans le monde du travail.

 

Vous dites que VIACTI est une passerelle ?

Les personnes ont souvent des croyances sur ce dont elles sont capables et le plus souvent elles se sous-estiment et se brident. Se remettre au sport peut être un très bon point de « nouveau départ » dans une vie. VIACTI permet de « remettre le pied à l’étrier ». Dans un premier temps on remet les gens au sport et dans un second temps on les réoriente vers des structures sportives qui pourront leur convenir. Mais notre mission peut aller au-delà si l’on constate que la personne est en chômage longue durée par exemple, on va davantage axer la pratique sportive sur la confiance en soi et mettre en lien avec des structures d’aide au retour à l’emploi.

 

Vous êtes président co-fondateur de VIACTI mais vous êtes bénévole. Vous avez un autre poste à côté ?

VIACTI existe depuis 8 ans désormais et embauche 3 salariés. Ensuite nous fonctionnons avec des services civiques et des bénévoles (dont moi !) en sachant que nous proposons 55 heures d’ateliers par semaine (individuel ou collectif) rassemblant à chaque fois 220 personnes en moyenne.

De mon côté je suis entrepreneur dans le sport solidaire avec une double approche : activité physique adaptée et santé. Je mixe les profils de consultant, coordinateur et intervenant. Dernièrement je suis intervenu auprès de différentes structures pour sensibiliser aux activités physiques adaptées. Il faut faire connaitre les métiers de l’APA et former correctement ceux qui veulent travailler dans ce domaine. La partie formation est importante car elle assure la pratique sportive adaptée de ceux qui en ont besoin, elle challenge les professionnels du secteur et permet l’innovation. On avance aussi sur cela avec VIACTI.

Le sport est un vrai levier dont certains sont privés. Le droit au mouvement devrait pourtant être accessible à tous. Mon travail gravite autour de valeurs qui me sont chères : l’éducation, la santé, la solidarité, le respect, l’humilité ou encore l’efficacité.  

Interview de Sabine Ferrier, 
Chargée du réseau des diplômés de l’Université Paris-Saclay, 
Direction de la Formation et de la Réussite.