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Marie-Anne BRENAUT

Un métier pour prescrire la forme

Marie-Anne Brenaut est enseignante en activité physique adaptée et coordinatrice du Centre de Référence Ressources Prescri’Forme de l’Essonne. En médecine, la culture du repos est encore présente mais c’est sans compter une multitude d’études et d’actions promouvant l’activité physique comme thérapie non médicamenteuse « indispensable » dans le parcours de soin du patient. C’est la démarche du sport sur ordonnance que promeut dans son métier Marie-Anne.

Que retenez-vous de vos années Paris-Saclay ?

J’ai choisi de rejoindre la Faculté des Sciences du Sport de l’Université Paris-Saclay pour la réputation des formations. J’étais essonnienne, passionnée par le sport et le paramédical, donc rejoindre Paris-Saclay me permettait de cocher les cases : « excellence » ET « pratique » ! J’ai d’abord fait une Licence « Enseignement en Activités Physiques Adaptées & Santé » puis le Master VHMA « Vieillissement, Handicap : Mouvement et Adaptation ».

J’ai rejoint la Faculté des Sciences du Sport au départ pour les possibilités de passerelles avec le métier de kinésithérapeute mais j’ai finalement découvert une pluralité de disciplines, et je me suis passionnée pour les métiers autour de l’activité physique adaptée (APA).

Au-delà du côté « formation pluridisciplinaire », je retiens : la grande autonomie dont nous bénéficions et que j’ai su gérer, l’entraide au sein de la promotion (mais aussi entre les différentes promotions) avec une très bonne ambiance et la proximité avec nos professeurs. J’ai aussi de très bons souvenirs des rencontres FFSU (Fédération Française des Sports Universitaires) et des compétitions interuniversitaires de tennis, sport que je pratiquais.

Nous avons aussi fait des voyages pédagogiques. Le premier dans un village de Corrèze qui présente toutes les innovations en termes d’accessibilité. Nous y avons passé une journée avec un focus sur le public en déficience intellectuelle. Le second à Amsterdam pour 3 jours avec une visite de la ville en situation d’handicap. Cette visite s’est transformée en audit puis en recommandations comme si nous étions une agence de conseil.

 

Grâce à vos années Paris-Saclay, vous avez pu étoffer votre expérience professionnelle ?

J’ai pu faire plusieurs stages dans le cadre de ma formation, ce qui est un vrai atout sur un CV. Le premier en Licence 1, au Service Sports de la Mairie de Longjumeau, m’a permis d’observer des séances de gymnastique douce avec un public âgé. En Licence 2, j’ai effectué un second stage au Centre Médical et Pédagogique de Varennes-Jarcy, pour accompagner, dans la pratique sportive, des personnes en situation d’obésité, diabétiques ou atteintes par la drépanocytose.

Enfin en Licence 3, j’ai travaillé au Centre Hospitalier de Bligny au sein du service de réadaptation auprès de personnes avec des pathologies artérielles ou des insuffisances cardiaques. Un programme de réentrainement à l’effort était proposé, sur-mesure, mêlant activités d’endurance, musculation, relaxation, stretching et gymnastique.

En Master 1, j’ai fait un stage au Comité Essonne de la Ligue contre le Cancer, en tant que chargée de mission en APA&Santé, qui souhaitait augmenter le nombre de cours, passerelles d’activités physiques, pour les personnes atteintes du cancer et en rémission. Nous avons organisé la première « Journée Sport-Santé » en Essonne dédiée aux malades chroniques mais aussi aux personnes âgées, sédentaires ou encore isolées de la pratique sportive. L’évènement rassemblait des professionnels de santé et des clubs sportifs et proposait de faire tester les activités.  

En Master 2, j’ai eu l’opportunité de revenir auprès de la Ligue contre le Cancer et de poursuivre le développement de l’activité physique adaptée en Essonne, de contribuer à la formation en APA des bénévoles et d’effectuer la gestion et le suivi des soins de support proposés aux malades. Nous avons également organisé la deuxième édition de la « Journée Sport-Santé », avec la participation du Conseil Départemental de l’Essonne. J’ai aussi eu la chance de participer aux 50 ans du comité de l’Essonne de la Ligue contre le Cancer et aux 100 ans de la Ligue Nationale à la Villette !

 

Aujourd’hui vous travaillez comme coordinatrice en activité physique adaptée au Centre Hospitalier de Bligny dans le cadre du dispositif Prescri’Forme, racontez-nous votre métier ?

J’ai pu rejoindre le Centre Hospitalier de Bligny grâce à mon réseau professionnel. Les personnes qui m’avaient accueilli durant mon stage de Licence 3 me connaissaient déjà et j’ai eu la chance d’être soutenue et recommandée par des personnes avec qui j’avais précédemment travaillé.

Le dispositif francilien « Prescri’Forme », a été lancé en 2018 par le Ministère des Sports et celui de la Santé, avec le Plan Régional Sport-Santé Bien-Être, pour les personnes en affection de longue durée, en situation d’obésité et/ou atteints d’hypertension artérielle. Ce dispositif organise la (re)mise en activité physique des patients au moment du diagnostic de la maladie (prévention secondaire) et/ou pour éviter la survenue de complications/récidives de la maladie (prévention tertiaire). Il permet également d’apporter un soutien à la prescription d’APA sur ordonnance pour les médecins libéraux, hospitaliers et de toutes spécialités, et permet d’organiser un réseau sport-santé en lien avec les clubs sportifs formés. Chaque département francilien dispose d’un ou plusieurs établissements de référence pour ce dispositif et, en Essonne c’est le groupement de coopération sanitaire « Guérir Prévenir Soigner en Essonne » (GCS GPS 91) qui porte ce projet. Ce GCS rassemble 5 établissements de santé parmi lesquels le Centre Hospitalier de Bligny.

Je m’occupe de la coordination du dispositif au sein du GCS GPS 91 en partenariat avec une multitude d’acteurs et je m’occupe notamment des parcours patients : de l’évaluation des capacités physiques jusqu’à l’entrée dans une activité physique adaptée.

 

Quel est votre quotidien ?

En tant que coordinatrice, je suis en charge du développement du réseau sport-santé avec les Agences Régionales de Santé (ARS) et la Délégation Départementale de Cohésion Sociale (DDCS). L’idée est de trouver des relais et des partenaires sportifs afin de fluidifier les passerelles entre la fin de l’hospitalisation et les cours d’activité physique, autrement dit créer des ponts entre l’hôpital et la ville.

Mon poste intègre une dimension « suivi » : j’échange avec le patient pour définir ses capacités et ses envies, en fonction de son profil je l’oriente vers une activité physique adaptée à son profil et au plus proche de chez lui. Dans l’idéal tous les 3 mois je fais un bilan pour revoir la personne : je refais avec elle les évaluations et je suis son évolution. J’ai la chance, dans mon poste de coordinatrice, de rester en contact avec les patients.

Pour finir, j’anime également un programme passerelle en salle qui me permet la réadaptation à l’effort des personnes avec des capacités modérées qui viennent entre 2 et 3 fois par semaine sur 3 mois avant de rejoindre une activité physique en ville.

Ma journée type : le matin, je fais deux évaluations en capacité physique ainsi que leur retranscription sur le logiciel interne de l’hôpital. Entre midi et deux, je peux rendre visite à un club de sport certifié sport-santé qui me présente son projet et ses infrastructures. Cela me permet d’orienter les patients vers une activité, d’en connaître les dirigeants et enseignants et d’établir plus facilement le suivi. L’après-midi, j’interviens auprès de patients. Par exemple la dernière fois, j’ai donné une conférence auprès de patients atteints de maladies respiratoires afin de leur montrer la diversité des activités physiques adaptées auxquelles ils ont accès. En fin de journée, j’interviens en salle avec un groupe de patients.

 

Si vous deviez donner 3 conseils à quelqu’un qui souhaite reprendre le sport après une période de maladie ?

J’inviterais la personne à consulter un médecin pour une expertise médicale afin d’évaluer ses capacités physiques et notamment s’il y a présence de plusieurs facteurs de risques cardiovasculaires.

Je me rapprocherai du réseau sport-santé de ma région pour être orienté vers le bon professionnel et la meilleure activité physique en fonction de mes capacités et de mes envies.

Une fois l’activité sportive choisie, je pratiquerais régulièrement et progressivement.

Interview de Sabine Ferrier, 
Chargée du réseau des diplômés de l’Université Paris-Saclay, 
Direction de la Formation et de la Réussite.