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Laura Vallée

Enseignante en activité physique adaptée à l'Hôpital de Garches de retour sur les bancs de l'Université Paris-Saclay pour le DU Entrepreneuriat

Laura Vallée voulait devenir kinésithérapeute. Après le baccalauréat, elle rejoint une classe préparatoire aux grandes écoles puis finalement la Faculté des Sciences du Sport de l’Université Paris-Saclay. Elle y découvre les métiers autour de l’activité physique adaptée et décide d’en faire sa vocation. Elle démarre son parcours dans un centre de rééducation dans les Yvelines puis à l’hôpital de Garches et continue aux Invalides puis au CIAMS où elle explore les vertus du rugby à 5 dans la rémission du cancer. Elle est aujourd’hui enseignante en activité physique adaptée à l’Hôpital Raymond Poincaré de Garches. Toujours tournée vers de nouveaux projets, elle a rejoint les cours du soir du « DU Entrepreneuriat » de l’Université Paris-Saclay.

Pourquoi avoir choisi l’Université Paris-Saclay ?

Je voulais intégrer une des meilleures filières « STAPS » de France et il s’avère que l’Université Paris-Saclay était classée dans le TOP3. J’avais trouvé la classe préparatoire aux grandes écoles très exigeante mais je voulais poursuivre cette dynamique en rejoignant une université d’excellence afin d’être admise en formation pour devenir kinésithérapeute. A l’époque, il fallait être inscrit en Licence 1, valider son année et avoir de très très bonnes notes notamment dans les matières clés de la kinésithérapie : biomécanique, physiologie du corps ou encore anatomie. La première année, j’ai eu de très bonnes notes, mais je n’ai pas été admise et la seconde année j’étais 11ème sur 10 personnes retenues alors j’ai changé de chemin !

 

Vous semblez avoir trouvé votre voie qui n’est finalement pas celle du métier de kinésithérapeute ?

Oui totalement (rires) ! J’ai dû accepter l’échec mais heureusement mon stage de Licence 2 au Centre de Rééducation et de Réadaptation Sud-Yvelines (CERRSY) m’a permis de rebondir. J’ai découvert le métier d’Enseignant en Activité Physique Adaptée (EAPA) qui a une approche du corps assez semblable, et différente à la fois, de celle du kinésithérapeute, la blouse blanche en moins !

L’idée est de permettre la rééducation et la réadaptation physique par le biais du sport. Le panel de patients est divers : malade de la sclérose en plaques, seniors avec Alzheimer, motards accidentés ou encore sportifs avec une blessure des ligaments croisés ! L’équipe est interprofessionnelle, on travaille avec des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes ou encore des psychologues. Chacun met une pierre à l’édifice pour permettre au patient de vaincre son traumatisme. J’ai pu par exemple aider un patient à retrouver la marche et l’équilibre grâce à la pratique du badminton, ou réadapter un genou par le biais du basket. En fin de compte, c’est vraiment ce stage qui m’a conquis et m’a permis de poursuivre dans ce domaine.

 

Après votre Licence, vous avez poursuivi en Master, racontez-nous !

Pour revenir sur mon parcours, j’ai d’abord fait une Licence 1 & 2 STAPS (année commune à tous les étudiants) puis une Licence 3 en « Activité Physique Adaptée et Santé » (APA-S), c’est elle qui nous spécialise dans un des domaines des STAPS. Ensuite, j’ai poursuivi avec un Master 1 & 2 en « Vieillissement, Handicap : Mouvement et Adaptation » (VHMA).

Le cycle du Master a confirmé ma vocation, il y a davantage à apprendre, les projets travaillés en cours sont très professionnalisant et les stages durent plus longtemps, ce qui nous permet d’avoir une plus grande formation et d’ouvrir notre réseau.

 

Vous avez fait un stage de Master 1 aux Invalides, pouvez-vous revenir sur cette expérience ?

J’ai fait mon stage de Master 1 au Cercle Sportif de l’Institut National des Invalides (CSINI), une structure interne aux Invalides dédiée aux blessés de guerre, aux pompiers ou encore aux vétérans et également ouvert à certains civils. J’ai été notamment en charge de l’animation de divers ateliers prenant en charge différentes pathologies (AVC, seniors anciens combattants, amputations, LCAE, etc.) mais aussi de l’atelier d’escrime qui est un sport avec un impact à la fois psychologique et physiologique qui travaille la concentration, la volonté, la vitesse, la mémoire, la précision ou encore l’équilibre assis, car quel que soit le handicap cette pratique se fait assise sur un fauteuil fixe au sol. Avec les mesures de fréquences cardiaques, je me suis aussi rendue compte que cela influençait sur l’humeur et le stress. Je dois beaucoup à Thomas Deroche, un professeur qui nous a fait découvrir en cours l’importance de la psychologie dans le sport et qui m’a permis de réussir ce stage axé sur la recherche.

En Master 2, j’ai rejoint le laboratoire du CIAMS « Complexité, innovations, activités motrices et sportives » aux côtés de François Cottin ainsi que Marie Gernigon qui ont vraiment été très inspirants pour moi. J’ai travaillé avec la Fédération Française de Rugby (FFR) sur la thématique du sport-santé. J’ai mis en place, avec le laboratoire, un protocole de recherche sur les bienfaits du rugby à cinq pour les personnes ayant eu un cancer. Sans choc, ni plaquage, c’est un rugby de « toucher » mais néanmoins de « combat » qui transforme les patients en « battants ». Vecteur physique, psychologique et social, c’est un vrai moment d’évasion, qui permet la pratique sportive et la cohésion sociale. Nous avons noué des partenariats riches d’enseignements avec l’Hôpital de Bligny, la Ligue contre le cancer, le conseil départemental de l’Essonne, ou encore le Pôle Département de Médecine de sport (PDMS) qui permet à tous les sportifs de haut niveau de l’Essonne, ainsi qu’aux personnes pratiquant le rugby à 5, de venir faire leurs tests médicaux et sportifs. J’ai aussi créé plusieurs supports sur la thématique du sport-santé dont un escape game pour les enfants avec l’équipe du PDMS pour le conseil départemental de l’Essonne. Au départ, je devais travailler en binôme avec une doctorante qui n’a finalement pas souvent été là. Cela a été un peu « galère » mais j’ai gagné en autonomie, en indépendance et en expérience.

 

Que faites-vous aujourd’hui ?

Pendant mon stage, j’ai eu une proposition de poste par les réseaux d’Alexandra Perrot et de Thomas Deroche qui encadrent le Master VHMA. L’Hôpital Raymond Poincaré à Garches recherchait un poste avec une dimension « recherche » et une dimension « activité physique adaptée », autant dire du « sur-mesure » pour mon profil ! J’ai donc été prise en tant que enseignante en activité physique adaptée et j’interviens en balnéothérapie et en gymnase. J’aime beaucoup mixer milieu aquatique et milieu « à sec » qui permettent de travailler de manière très différente le corps et le mouvement. Je garde une approche scientifique avec un suivi de mon travail que je traduis en données pour toujours améliorer la prise en charge.

J’ai été embauchée alors que je n’avais pas encore mon diplôme officiel, ils m’ont fait totalement confiance. J’ai démarré avec un CDD d’un an et je suis en CDI depuis août. Je suis vraiment épanouie sur ce poste même si je me laisse la possibilité d’un jour faire une thèse. Je garde contact avec mes anciens professeurs comme Alexandra Perrot et mon ancienne tutrice Marie Gernigon qui avaient compris mon envie de travailler en entreprise mais qui m’encouragent à ne pas abandonner l’idée du doctorat. C’est aussi un des atouts de la Faculté des Sciences du Sport de l’Université Paris-Saclay : les professeurs suivent vraiment les étudiants, sont à l’écoute et généreux en conseils.

 

Vous êtes revenue sur les bancs de Paris-Saclay cette année, il me semble ? Pas pour une thèse mais pour le « DU Entrepreneuriat » ?

Oui c’est exact ! J’ai pris connaissance de l’existence du Diplôme Universitaire « Entrepreneuriat », via les réseaux sociaux, qui offre un accompagnement aux étudiants qui ont un projet d’entreprise, que ce projet soit très concret ou seulement une idée. Ce diplôme me semble offrir une base de départ intéressante et le format « cours du soir » se conjugue parfaitement avec ma vie professionnelle.

Personnellement, j’ai envie de monter un projet autour du sport, des personnes en situation de handicap ou en affection longue durée (ALD). C’est un projet qui se combine avec les tendances actuelles sur le sport santé et le sport handicap. On a longtemps eu la culture du repos mais en réalité le sport est aussi synonyme de santé. Les bonnes intentions peuvent vite se heurter à la réalité du terrain ; Typiquement l’accès au sport d’un point de vue matériel, pour les personnes handicapées ou en ALD, peut être compliqué. Il n’y a pas forcément d’infrastructures, de salles, de terrains adaptés ou de programme d’activité physique adaptée personnalisé. C’est un sujet qui me tient à cœur, j’ai envie d’être de l’aventure et de trouver des réponses à ces problématiques !

 

Interview de Sabine Ferrier, 
Chargée du réseau des diplômés de l’Université Paris-Saclay, 
Direction de la Formation et de la Réussite.